Je pense que cela pourrait être intéressant de connaître vos poèmes préférés.
Je me lance donc la première avec un poème d'Apollinaire. Je n'aime pas particulièrement cet auteur, sans doute parce que je l'ai beaucoup trop étudié pendant ma première littéraire au lycée. Et à trop décortiquer un texte, il en perd tout son sens... Mais il y en a un qui m'a particulièrement touché et qui m'émeut toujours aujourd'hui. Lorsque je le lis, il me fait voyager dans des terres étrangères et pleines de nostalgie.

La Loreley, de Guillaume Apollinaire, 1902.

A Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

O belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie ?

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes o belle Loreley
Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

Évêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n’aime rien

Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j'en meure

Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla

L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

Va-t'en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là-bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Et mon amant s‘y tient il m'a vue il m'appelle

Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

Très joli poème, en effet.
J'aime beaucoup ce vers:

"Faites-moi donc mourir puisque je n’aime rien
Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure"

C'est magnifique.

Et très bonne idée ce topic

Alors, je vais vous faire part d'un poème que j'aime beaucoup, de Victor Hugo.
Ma mère me l'a fait découvrir, j'étais encore très jeune, et je l'ai aussitôt trouvé sublime. Il est très triste, très mélancolique, très beau.


Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe,
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Deux magnifiques poèmes.

Je n'en ai pas en tête, là, mais je vais chercher

Ce poème est vraiment magnifique Laïka Dunkel! Il est court, simple, il s'écoule doucement et lentement comme l'eau d'un lac... Et cependant il est porteur d'une si grande émotion! Merci pour ce partage.

Ah oui, très beau poème, Laïka.

Très joli aussi, celui que tu as choisi, Fallen Angel.

ah, très bon sujet... attendez que j'ai plus de temps devant moi, et je vais y participer

en attendant, très bon choix de poèmes à toutes les deux

Je ne résiste pas à vous faire part d'un poème que j'aime beaucoup (en même temps, ce sujet a été créé pour ça, )
C'est un poème de Jacques Prévert, aux accents très enfantins, mais qui cache un joli message d'optimisme.


A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes réssucitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voila le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l'oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vous couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent a chanter
A chanter a tue-tête
La vrai chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais la haut dans le ciel
La lune veille sur eux.


Jacques Prévert

Ce poème est très mignon et plein de rythme, comme une chanson.
Jacques Prévert a toujours eu le don d'écrire des poèmes sur un ton enfantin tout en ciblant des sujets de la vie de tous les jours.
Merci Disciplus Simplex de nous l'avoir fait partager.

merci de ton commentaire!

ah, la Chanson des escargots! toute mon enfance

pareil pour moi!

j'aime beaucoup vos poèmes c'est très agréable de lire un peu de poésie, ça change du quotidien, c'est très reposant.

Vous avez tous de très jolis choix de poèmes!

Disciplus, tu m'as devancée, avant d'arriver à ton post, je voulais mettre la Chanson des escargots... tant pis, je vais trouver autre chose.

Fallen Angel, ce poème est magnifique, très onirique, j'ai envie de dire.

Laïka, vraiment plein d'émotion, ce poème. Il l'avait écrit pour sa fille, je crois, mais il peut s'adapter à tout autre être cher qui nous manque.

une petite pelotte a écrit:

Disciplus, tu m'as devancée, avant d'arriver à ton post, je voulais mettre la Chanson des escargots... tant pis, je vais trouver autre chose.

ah, oups, mais les grands esprits se rencontrent

A mon tour.

Voici un poème de Verlaine, court, simple, mais chargé de mélancolie, parfait pour mon état d'esprit actuel.





Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.

Merci Oma Dessala pour ce poème de Verlaine.
Il décrit par sa brièveté,
un sentiment de fugacité,
d'une mélancolie des temps passés,
reflet d'un Automne emporté.

(J'ai parfois des vers qui me viennent naturellement mais en même temps, le sujet y est propice )

merci à toi pour ce commentaire poétique

Je remets deux autres petits poèmes d'Apollinaire que j'aime bien aussi.

L'Adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends


Les cloches

Mon beau tzigane mon amant
Ecoute les cloches qui sonnent
Nous nous aimions éperdument
Croyant n'être vus de personne

Mais nous étions bien mal cachés
Toutes les cloches à la ronde
Nous ont vus du haut des clochers
Et le disent à tout le monde

Demain Cyprien et Henri
Marie Ursule et Catherine
La boulangère et son mari
Et puis Gertrude ma cousine

Souriront quand je passerai
Je ne saurai plus où me mettre
Tu seras loin Je pleurerai
J'en mourrai peut être

Les rimes sont simples chez Apollinaire mais il arrive à créer un univers étrange, triste et cruel dans un monde "normal". Les deux se confondent et cela ne choque personne. Parfois ces textes sont à la limite du fantastique. Mais sachant qu'il consommait beaucoup d'opium...

J'aime bien le premier, "L'adieu".

Tu soulignes qu'il consommait beaucoup d'opium, et ça me fait poser la question, est-on obligé d'être "accroc" à la drogue pour être poète, écrivain, musicien... je dis ça parce que ça me fait penser à tous ceux qui sont célèbres pour leurs écrits ou leur musique ainsi que pour leur addiction... Pardon pour le hors-sujet.

De nombreuses personne ont posé cette question. Il y a beaucoup de facteurs expliquant l'addiction à une drogue ou autre, que l'on soit artiste ou non. Les mœurs en font partie ainsi que la pression extérieure, etc... Je pense que si tu veux approfondir, il faudrait étudier le contexte et la "personnalité" de chaque artiste.

J'aime bien le premier aussi. Il est court, mais très joli.

Le deuxième me met mal à l'aise, j'ai l'impression de faire du voyeurisme... Mais peut-être est-ce justement l'effet recherché?

Oma Dessala a écrit:

Le deuxième me met mal à l'aise, j'ai l'impression de faire du voyeurisme... Mais peut-être est-ce justement l'effet recherché?

J'aurais tendance à penser que oui, c'est un peu l'effet recherché. Mais c'est ma propre interprétation, ça n'engage que moi.

c'est vrai que le deuxième met dans une posture un peu de voyeurisme.

En tout cas, ces deux poèmes sont très touchants.

Ah, je ne suis pas la seule à toruver cette idée de voyeurisme... En tout cas, mais là (ça n'engage que moi), plus que cette idée de voyeurisme, ça me rend vraiment mal à l'aise... peut être à cause de cette intimité étalée... j'y suis très sensible...

J'aime les deux poètes "maudits que sont RIMBAUD et BAUDELAIRE . Voici donc LE DORMEUR DU VAL d' ARTHUR RIMBAUD