Des analyses complémentaires d'animaux morts dans le lit du Gouessant (Côtes d'Armor), à l'embouchure duquel les cadavres de plusieurs sangliers avaient été retrouvés fin juillet, tendent à renforcer les soupçons envers les algues vertes. Les expertises ont révélé la présence de sulfure d'hydrogène (H2S), que dégagent les algues vertes en décomposition, chez un ragondin. Ni cyanobactéries, ni poisons, les autres hypothèses envisagées pour expliquer la mort de nombreux animaux retrouvés sur une plage, n'ont été décelés, a affirmé samedi soir la préfecture.
Comme chez cinq des six sangliers précédemment analysés, les résultats ont révélé la présence du gaz toxique émis par la décomposition des algues dans les poumons du ragondin, à hauteur de 2,45 mg/kg. En outre, "les recherches sur la présence éventuelle d'anatoxines de type A produites par des cyanobactéries dans le lit du Gouessant (analyses réalisées par le laboratoire de l'école de santé de Rennes) sont négatives", ce qui écarte à ce stade une autre piste pour expliquer les décès massifs d'animaux.
Enfin, les analyses du bol alimentaire de sept sangliers "ne permettent pas de mettre en évidence" la présence d'"anticoagulants", d'"insecticides organophosphorés", de "carbamates" et de "chloralose", "sauf pour une laie", ce dernier résultat ayant déjà été communiqué, précise la préfecture. "Une nouvelle recherche toxicologique portant sur d'autres types de molécules toxiques va être demandée au laboratoire de l'école vétérinaire de Lyon, afin d'être certain d'avoir exploré toutes les pistes possibles", indique la même source.
Trente-six sangliers et un ragondin ont été trouvés morts le mois dernier dans le lit du Gouessant et la présence du H2S, un gaz mortel, a été découverte chez six des sept sangliers précédemment analysés, confortant chez des écologistes et des scientifiques l'hypothèse d'un empoisonnement dû aux algues. Les années précédentes, les gaz de décomposition ont déjà été soupçonnés d'avoir causé d'êtres humains et d'animaux. Proliférant sur certaines côtes bretonnes avec l'apport nutritionnel des engrais azotés, les algues vertes sont, estiment les associations écologistes, le symptôme d'un développement mal contrôlé de l'agriculture industrielle.